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Mon Cénacle. Un seul membre : Moi.

L'impasse (Suite)

  Je regrette déjà ce que je viens d'écrire. Le problème c'est que je ne sais même pas ce que j'attend, ce que j'espère. Je ne veux pas être encore un fois celle qui est triste, sérieuse, moralisatrice...

   Je vous dois quelques explications, à vous, vous qui seules connaissez cette adresse, vous qui partagez tant de moi. Depuis quelque temps, notre vie en tant que groupe a changé. Jusqu'à maintenant, je trouvais ma place parmi vous en tant que celle qui est toujours disponible, celle qui est toujours là, toujours heureuse de vous voir, même quand pour vous je n'étais rien d'autre qu'une manière de s'ennuyer un peu moins. L'ennui était la vrai raison de notre amitié. L'ennui et la paresse. Ne vous méprenez pas, vous n'êtes pas pour moi des gens pris à défaut d'autre chose. Vous êtes, ou du moins vous étiez jusqu'à maintenant, ce que j'avais toujours rêvé d'avoir. Des amies que j'aime, que j'admire, et qui partagent avec moi tout un univers. Jamais je ne m'étais sentie autant à ma place. Mais aujourd'hui vous ne vous ennuyez plus autant, plus pareil. Vous n'avez plus besoin de moi. Il y a quelque chose qui vous tient éveillé, quelque chose qui vous fait attendre impatiemment le week end pendant toute la semaine, quelque chose qui vous rend heureuses rien qu'en sachant que ça va revenir, comme me l'a dit Amélie, qui ne se doutait sûrement pas que ces quelques phrases me feraient mal à ce point. 
    Aujourd'hui je ne suis plus un léger remède contre l'ennui, mais l'ennui personnifié. Mon rôle est trop pesant. Une fois encore je suis obligée d'admettre que je suis la plus démunie face a votre absence. La seule chose que j'avais, une amitié inimitable, brillante et douloureuse, je l'ai sacrifié a mon indépendance. Quand à mes passions, elles sont trop faibles pour survivre sans sentir sur elles un regard extérieur.

     Je remarque que, sans le vouloir, j'ai totalement oublié mes exigences d'écrire le mieux possible ici. Maintenant je me contente de dire tout ce qui me vient sans chercher à l'ordonner, ni à y mêler des considérations de style. Je le regrette, mais je ne m'en sens plus capable.  Déjà. Et déjà c'est un effort de rationaliser mes sentiments pour les expliquer ici.

    Je ne peux rien dire de plus. Je me sens sèche et vide. Je ne vos demande rien, je crois. Je sais que je m'adapterai a cette situation comme je l'ai fait jusqu'alors. Je suis désespérément souple, incapable de me tenir à un principe quelconque et incapable de souffrir longtemps. Tout ira bien, tout sera oublié, très bientôt.